Parlons de sécheresses

Il n’y a pas de véritables déserts au Canada, mais Osoyoos, dans le centre-sud de la Colombie-Britannique, en est presque un. Cela dit, les Prairies sont sujettes à la sécheresse, et nos collègues d’Agriculture et Agroalimentaire Canada surveillent régulièrement les régions touchées par la sécheresse d’un bout à l’autre du Canada. À l’approche de la prochaine Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse, le 17 juin 2025, jetons un coup d’œil à notre vaste réservoir de données liées aux sécheresses.

En 2021, 1 225 kilomètres cubes d’eau douce renouvelable ont été générés dans le sud du Canada, où vit la majorité de la population. Ce volume correspond à une moyenne de 0,47 mètre cube d’eau par mètre carré de surface. Pour remettre les choses en perspective, à l’échelle nationale, les ménages canadiens ont utilisé en moyenne un total de 3,2 kilomètres cubes d’eau en 2021.

Bien sûr, cette eau n’est pas répartie de façon égale à l’échelle du Canada. Par exemple, on trouve de l’eau en abondance sur la côte Ouest du Canada. Depuis le début du nouveau millénaire, l’apport en eau annuel moyen dans cette région a varié de 473,71 kilomètres cubes en 2007 à 295,62 kilomètres cubes en 2019.

À titre de comparaison, dans les Prairies, l’apport en eau annuel moyen a varié de 58,6 kilomètres cubes en 2011 à 2,95 kilomètres cubes en 2021.

Il n’y a peut-être pas de meilleur indicateur du fléau de la sécheresse au Canada que nos données sur les cultures. À titre d’exemple, les agriculteurs ont enregistré une récolte inégalée de 37,6 millions de tonnes de blé en 2013, ce qui représente plus de deux fois plus de blé que ce qui a été produit en 2002 (16 millions de tonnes), lors de la pire sécheresse du 21^e siècle au Canada.

Les agriculteurs canadiens ont toutefois pris des mesures pour atténuer les effets négatifs des sécheresses en mettant en place diverses pratiques de gestion des terres. Par exemple, selon le Recensement de l’agriculture de 2021, 59 684 exploitations agricoles ont déclaré pratiquer une culture sans travail du sol, ce qui améliore la structure du sol et la rétention d’eau.

De plus, en 2021, 15 924 exploitations agricoles ont déclaré avoir irrigué un peu moins de 1 million d’hectares de terres, 99 299 exploitations agricoles ont indiqué avoir des brise-vent ou coupe-vent pour prévenir l’érosion et améliorer la rétention d’eau et 20 330 exploitations agricoles ont ensemencé des cultures de couverture d’hiver. Les cultures de couverture sont ensemencées pour prévenir l’érosion, améliorer la qualité du sol et améliorer la rétention d’eau.

C’est la Saskatchewan qui illustre le mieux l’incidence économique des sécheresses. En effet, dans cette province, le secteur de l’agriculture, de la foresterie, de la pêche et de la chasse représente généralement à lui seul de 5 % à 10 % du produit intérieur brut annuel de la province, cette proportion variant selon la récolte et d’autres facteurs économiques.

En 2021, la Saskatchewan (-2,4 %) a été la seule province dont l’économie a reculé, principalement en raison de la pire sécheresse survenue en près de 20 ans, et cette sécheresse a réduit la production agricole de près de la moitié (-47 %) par rapport à l’année précédente. La production de blé dans la province avait diminué de près de la moitié (-46 %) et celle du canola avait reculé de plus du tiers (-37 %).

Un manque de pluie peut réduire la production d’énergie au pays. En 2024, les conditions de sécheresse ont empiré dans le centre et l’est du Canada, ce qui a entraîné une baisse de la production d’hydroélectricité au Québec (-6,4 %), à Terre-Neuve-et-Labrador (-8,6 %) et au Manitoba (-8,9 %).

Par conséquent, la production d’hydroélectricité à l’échelle nationale a diminué de 4,9 % d’une année à l’autre pour s’établir à 341,8 millions de mégawattheures en 2024, ce qui représente 3,5 % de moins que la moyenne quinquennale à compter de 2019.

Même si l’hydroélectricité représentait plus de la moitié (56,1 %) de la production totale d’électricité du Canada en 2024, il s’agit de sa plus faible proportion à avoir été enregistrée depuis 2016.

En dépit de sa forte capacité de production, le Canada est brièvement devenu un importateur net d’électricité en février, en mars et en avril 2024, ce qui est l’un des événements les plus marquants de cette année-là en ce qui concerne l’électricité. Les importations canadiennes avaient dépassé les exportations pour la première fois depuis le remaniement de cette série de données en 2016, plusieurs provinces étant alors confrontées à une faible production d’hydroélectricité en raison des conditions de sécheresse.